08 janvier 2015

Charlie Hebdo

Nous nous serions volontiers dispensés d’ajouter une goutte d’eau à l’océan d’indignation légitime qui nous inonde depuis hier, mais comment concevoir qu’une Société consacrée à la recherche, à la construction et à la diffusion du savoir puisse rester silencieuse devant cette aveuglante manifestation de l’obscurantisme, de l’ignorance et de la bêtise ?
Cabu, Le Grand Ducuhe 3, Dargaud, 1972

« Oser penser », prescrivait Kant, parmi d’autres. Nous sommes présents pour donner suite à ce précepte fondateur de la liberté de conscience, à notre manière, comme Charlie Hebdo l’est à la sienne. Nous ne sommes pas seulement les spectateurs horrifiés du crime, nous en sommes les victimes, et plus que symboliquement. Chacun d’entre nous trouvera au fond de lui-même les ressorts personnels pour réagir, mais au titre de l'Emulation, nous devons je crois réaffirmer notre engagement quotidien au service de la connaissance et de l’ouverture aux autres. Le projet des Lumières n’est pas périmé, il faut seulement le tenir à jour.

Nous n'oublierons pas les victimes de ce massacre du 7 janvier 2015,  dessinateurs, journalistes, policiers,  tués ou blessés, et nous avons une pensée solidaire et attristée pour leurs proches. Nous pleurons sur nos idées et nos idéaux, ils pleurent ceux qu’ils aimaient.

Pour le Président et le Bureau, Christian Euriat

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Bizarre de trouver un édito sur Charlie hebdo ici... est-ce vraiment sa place ? tout comme pour les militaires, les journalistes savent à quoi s'en tenir lors qu'ils usent et abusent de la liberté d'expression. cela fait partie des risques du métier et il faut assumer.

Anonyme a dit…

"Je ne suis pas Charlie : la liberté d’expression et la liberté de la presse ne sont pas le droit d’insulter, de mépriser, de blasphémer, de piétiner, de moquer la foi ou les valeurs des concitoyens, de prendre systématiquement de front les communautés musulmane ou chrétienne. « Un dessin est un fusil à un coup », disait Cabu.
Non je ne suis pas Charlie et nous étions choqués de voir Mahomet sous la forme d’une crotte enturbannée ou Benoît XVI sodomiser des enfants. Il ne s’agit pas de tolérance ou de libre-pensée : l’insulte est une violence. Je ne suis pas Charlie et je ne crois pas à l’union nationale décrétée par le Président de gauche. Ils se sont trompés depuis trente ans, ils sont en partie responsables de la situation actuelle. Je ne crois pas à leur capacité de lutte contre le terrorisme alors qu’ils détricotent chaque année la souveraineté du pays et sa capacité de défense et de justice.
Je ne suis pas Charlie et le Président se trompe encore en proposant les caricaturistes en héros nationaux, eux qui ont contribué à détruire le lien entre les communautés, méprisé le sens de la nation et caricaturé flics, gendarmes, militaires, eux qui ont fait du Français moyen un beauf. Des flics sont morts dans cette exécution sommaire alors qu’ils étaient caricaturés par ceux-là même qu’ils protégeaient. Je ne suis pas Charlie mais je suis Français et je vois mon pays sombrer dans l’horreur. J’entends des « Allah akbar » guerriers venant des banlieues et des politiques refuser de voir cette réalité. Pourtant Charlie est mort d’avoir minimisé les risques de l’islam radical. Vivant dans un pays chrétien ils ont cru pouvoir insulter sans risque. Je ne suis pas Charlie mais je suis chrétien. Je ne pense pas un instant qu’ils devaient mourir, ni qu’ils l’ont bien mérité. Paix à leur âme, et que Dieu les accueille, s’ils le veulent, dans sa miséricorde. Mais… je ne suis pas Charlie."

Alexandre Laumond a dit…

Qu'il s'agisse du blog de l’Émulation ou du site internet de la Fédération vosgienne des sociétés savantes, un tel éditorial est une évidence. Nous ne sommes pas de vieilles associations confites dans l'Histoire dont la seule mission serait le ressassement silencieux du passé. Nous essayons, à notre manière, d'éclairer notre présent et d'inciter les gens à comprendre notre quotidien à l'aune d'évolutions qui s'inscrivent dans un temps long. Par conséquent, nous avons, peut-être, la prétention de faire œuvre civique et démocratique, ce qui nous interdit d'ignorer ce qui nous entoure.

Quant au contenu des caricatures, il est bien évidemment polémique et c'est même leur raison d'être. Mais posons-nous simplement quelques question ; prenons la représentation de Benoît XVI sodomisant des enfants, citée dans un commentaire ? Est-ce pour le plaisir de blesser et d'insulter les chrétiens ? Ou est-ce pour rappeler que la hiérarchie catholique a longtemps refusé de livrer au pouvoir séculier les auteurs d'actes pédophiles qu'elle a par contre protégés ? Si l’Église avait fait œuvre de justice, la page du dessinateur serait restée blanche. Les victimes ne sont donc pas celles qui se sentent offensées : ce sont celles qui sont passées sous les fourches caudines d'un prêtre libidineux, d'un mari dominateur, d'un apprenti dictateur, d'un esclavagiste patenté ou d'un adorateur du Veau d'or. Depuis que la publication du journal La caricature en 1830, les caricaturistes ont toujours attaqué, avec plus ou moins de finesse, ce qui avilit les hommes au nom d'un pouvoir politique, économique ou religieux. Ils sont des veilleuses... mais pour les voir, il faut ouvrir les yeux et non se réfugier derrière les œillères du blasphème.

Alexandre Laumond (à titre personnel et non pour le bureau)
PS : Il serait souhaitable que nous échangions sous notre identité et non de manière anonyme.

Jean-Pierre Doyen a dit…

A l'anonyme chrétien du 8/1 à16h20,.Très bon rappel des pratiques secrètes de l'inquisition, sans doute que se faire connaître serait tomber dans le péché d'orgueil...
Je suis Charlie.

Jean-Pierre Doyen

Jean-Pierre Doyen a dit…

A l'anonyme du 8/1 à 15h03
Assumez-vous votre lâche anonymat ?

Jean-Pierre Doyen

Alexandre Laumond a dit…

Et il serait souhaitable que j'écrive "quelques questions" et "Depuis la publication" ;-)
AL

Christian a dit…

Ne t'excuse pas, Alex, il n' y a que ceux qui n'écrivent jamais qui ne font jamais de fautes.

Anonyme a dit…

Breizsilva le 17 janvier 2015

L’impertinence, que l'anonyme chrétien du 8 janvier 2015 considère comme de l'insulte, du mépris ...du blasphème relève tout simplement de l'esprit de la démocratie ,de la libre pensée et donc d'une opposition farouche à l'obscurantisme et à une ignorance inquiétante que je considère tout simplement comme de l'intolérance .
Comment confondre l'impertinence à l'insulte  ,l'anonyme chrétien du 8 janvier 2015 aurait-il simplement oublié que la tolérance permet aux peuples de s’élever, de s’apprécier et de se comprendre .

« ...Le droit de l'intolérance est donc absurde et barbare : c'est le droit des tigres et il est horrible car les tigres ne déchirent que pour manger et nous sommes exterminés pour des paragraphes... »
Voltaire Traité sur la tolérance 1763

yves corbel « Breizsilva »

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