La chapelle Saint Jean de Jérusalem

Contexte d'actualité

Dans la perspective de l'aménagement de la place de l'Atre et de la place Edmond Henry où les voitures ne pourront plus stationner, la ville d'Epinal a engagé la construction d'un parking àprès démolition des immeubles vétustes qui bordent la rue Saint-Michel à gauche en montant dans sa partie basse.
 
Il s'agissait alors de se préoccuper de la chapelle Saint Jean de Jérusalem, quasiment invisible depuis la rue, quoique connue des spinaliens grâce à sa présence sur le plan de Nicolas Bellot ou dans la maquette issue de ce dernier visible au musée du Chapitre. Cette chapelle était en effet complètement intégrée aux constructions entre la rue Saint-Michel et le bas de la voie Carpentier et avait disparu du paysage en tant que telle.

la Ville d'Epinal et la Société d'émulation ont mis en place un partenariat visant à trouver et à mettre en oeuvre des solutions susceptibles de sauvegarder ce qui peut l'être de cet édifice qui est est un des plus anciens de la ville, et qui, malgré de très importantes altérations, garde un certain nombre d"éléments architecturaux dignes d'intérêt qu'il serait regrettable de voir disparaître.

Pour diverses raisons, il n'est pas ou plus possible de maintenir cet édifice en place dans son intégralité. En revanche, la Ville et la Société d'émulation étudient ensemble les possibilités de mise en valeur des éléments architecturaux les plus intéressants, sur place à l'intérieur du parking, ou ailleurs.

Nous ferons connaître l'évolution du dossier et des travaux sur ce blog, au fur et à mesure que nous en aurons connaissance.

Les travaux

Quelques photos, en en attendant d'autres.



Vue intérieure du choeur.
L'oculus est bien visible.
Les fenêtres sont encore bouchées.
L'ouverture en haut à droite est une porte interne aux appartements construits par dessus la chapelle.
Vue extérieure du choeur.
Une première fenêtre a été dégagée.
Vue intérieure côté voie Carpentier Un lavabo sacerdotal, côté rue Saint-Michel.
On peut remarquer des traces de peinture rouge qui pourraient dater du xve siècle.

Notice historique 

La Chapelle des Hospitaliers 1194-1793

Les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem trouvent leur origine, en Terre sainte, à la toute fin du XIe siècle durant la première croisade mais ne sont reconnus comme ordre religieux par décision du pape, qu’en 1113. Il s’agit d’une communauté composée de moines et clercs, de frères laïcs et de convers qui se consacre alors aux soins des malades et des pèlerins et à la création d’hôpitaux, d’où son nom. Mais elle est progressivement soumise à une obligation d’assistance armée des pèlerins, puis de défense des frontières ce qui lui confère un rôle comparable à celui  des Templiers. Ces deux ordres religieux-militaires qui fonctionnent à peu près sur le même modèle se distinguent cependant par leur recrutement, plus populaire à L’Hôpital qu’au Temple et par leur durée dans le temps. L’ordre des templiers est dissout en 1312, au profit,  entre autres des Hospitaliers qui resteront actifs jusqu’au début du XIXe siècle, selon une organisation territoriale initiale structurée en 3 paliers : la « langue » ou « province » laissée à l’administration d’un bailli, le prieuré et la commanderie divisée en fermes, granges, moulins, vignes …

A la fin du XIIIe siècle, lorsque le royaume latin d’Orient disparait, l’ordre s’installe à Chypre puis à Rhodes mais il était déjà bien implanté dans les royaumes d’Occident, grâce aux dotations et privilèges acquis de longue date.

La « langue » de Provence, fut, avec sa cinquantaine de commanderies la première instaurée en 1115 bien avant celles de Messine (1136), d’Angleterre (1144), de France (1178) et d’Allemagne (1182). C’est de cette dernière que relevaient la plupart des établissements hospitaliers des principautés lorraines, hormis celles situées dans le comté de Bar qui dépendaient de la langue de France, puis à partir de 1317, du grand prieuré de Champagne.

La chapelle d’Epinal rattachée à la commanderie de Robécourt (88), aux confins des départements de la Haute-Marne et des Vosges, et, par conséquent, à la province de France,  compte sans doute parmi les plus anciens établissements hospitaliers de la région. Elle est une première fois mentionnée en 1194, puis en 1204 dans une charte où il est clairement fait mention des « frères de la maison hospitalière » et est parfaitement localisée, en 1455, dans le faubourg, près de la porte de la Fontaine.  En revanche la première indication sur l’existence d’un hôpital date de 1498, comme celle du cimetière qui le jouxte, dans lequel sont « portés en terre ceux du faubourg de la porte de la Fontaine ». L’ensemble était doté d’une chapelle explicitement mentionnée en 1516. Elle existe toujours en 1793 mais ne figure plus sur le cadastre napoléonien de 1818. Sa disparition est contemporaine de l’éclatement de l’ordre à la charnière du XVIIe et du XIXe siècle.

Des fouilles archéologiques réalisées en 2000 lors de l’aménagement du parking et du rond-point ont permis d’observer les vestiges de la nef de la chapelle, de maisons médiévales et du cimetière dont une trentaine de sépultures. Inclus dans la masse bâtie, le chœur est la dernière partie encore visible de cet édifice qui conserve en dépit de quelques aménagements toutes les caractéristiques architecturales et esthétiques de l’époque romane.

Charles KRAEMER

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire